Une menace multiforme pour la sécurité humaine

L’ONU met de plus en plus l'accent sur les risques d'insécurité liés aux changements climatiques

20 février 2019

 

Les catastrophes liées au climat et les conflits prolongés se multiplient et affectent de plus en plus la sécurité humaine et le développement durable. Lorsque le changement climatique et d'autres facteurs de conflit convergent, les conséquences pour les individus et les communautés peuvent être dévastatrices.
 

Un coût égal à la somme de l’aide mondiale au développement

En 2018, nous avons vécu les catastrophes climatiques les plus graves et les plus coûteuses de la décennie. Munich Re, une société mondiale de réassurance et de gestion des risques, a estimé le coût des sécheresses, inondations, tempêtes, glissements de terrain et incendies à environ 145 milliards de dollars américains. Ironiquement, cela équivaut à la somme totale de l'aide au développement au cours de la même année.

Mais les conséquences des catastrophes liées au climat ne sont pas uniquement économiques. Des conditions météorologiques extrêmes endommagent les infrastructures, provoquent des déplacements forcés et aggravent l'insécurité alimentaire et hydrique.

Selon un rapport publié en 2017 par le Programme alimentaire mondial, les aléas climatiques ont été l'un des principaux déclencheurs de crises alimentaires dans 23 pays et ont poussé quelque 39 millions de personnes dans une insécurité alimentaire aiguë. Dans son rapport sur les risques globaux, le Forum Économique Mondial classe les menaces environnementales et les conditions météorologiques extrêmes au premier rang pour la troisième année consécutive.
 

Les plus vulnérables sont les plus touchés

Les changements climatiques ont exacerbé la concurrence pour les terres et l’eau dans des régions déjà frappées par la sécheresse, telles que le Sahel et le Soudan. Dans le bassin du lac Tchad, des précipitations imprévisibles compromettent les moyens de subsistance traditionnels, aggravent l'exclusion socio-économique et rendent plus attrayante l'adhésion à des groupes armés.

La Banque mondiale estime que sans une action sérieuse sur le climat, plus de 140 millions de personnes en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud et en Amérique latine seront déplacées à l'intérieur de leur pays d'ici 2050, exerçant une pression considérable sur des populations et des villes déjà vulnérables.
 

Comment éviter ces crises ?

Des mesures climatiques ambitieuses sont possibles. Nous avons suffisamment de données et de ressources, mais nous devons clairement définir les priorités.

Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat indique que nous devons agir dans les 12 prochaines années pour éviter de franchir le seuil fatidique des 1,5 ° C. Cela nécessite du leadership, de l'engagement et plus d'actions concrètes.

Si nous échouons, davantage de sécheresses et d'inondations sont à prévoir, le niveau de la mer continuera de monter, la calotte polaire disparaîtra, et des écosystèmes entiers s’effondreront. Devant un scénario si catastrophique, il est difficile de prévoir de quelles façons les communautés seront affectées.

Les petits États insulaires et d'autres pays vulnérables sont déjà frappés de plein fouet par le changement climatique, ce qui risque d'entrainer une augmentation massive de la pauvreté avant 2050.
 

Avons-nous encore le temps de faire ce qui doit être fait ?

Tous les pays signataires de l'accord de Paris se sont engagés par le biais de contributions nationalement déterminées (CDN). Pour que les CDN débouchent sur une action climatique réelle, elles doivent être ambitieuses et conduire à un changement économique, politique et social à grande échelle.

Au PNUD, nous voyons de nombreux bons exemples à l’œuvre. L'Irak concentre son engagement national sur l’interdépendance du climat et de la sécurité humaine et adopte une approche holistique des risques climatiques, en restaurant les écosystèmes et en utilisant l'énergie solaire pour surmonter les crises dans les zones nouvellement libérées.

Ces expériences peuvent inspirer les engagements nationaux d’autres pays ayant des défis similaires.

Pour atteindre les 17 objectifs de l’Agenda 2030, nous devons comprendre le contexte et les liens qui les unissent. La réduction des émissions n'ira pas sans un programme efficace d'action pour le climat, de gestion des risques de catastrophe et de consolidation de la paix. Par exemple, des initiatives énergétiques correctement planifiées peuvent offrir plus d'opportunités aux femmes et aux enfants et garantir leurs droits fondamentaux.

Il est important aussi de continuer à investir dans l'utilisation durable de nos ressources naturelles, et d'accroître la couverture forestière globale. C’est un moyen simple et économique de réduire les gaz à effet de serre.  

Au PNUD, nous continuons à renforcer notre expertise et notre capacité à faire face à la menace croissante des risques de sécurité liés au climat. Avec le Département des Affaires Politiques et de la Consolidation de la Paix de l’ONU et le Programme des Nations Unies pour l'Environnement, nous avons lancé le mécanisme de sécurité climatique (Climate Security Mechanism), un effort commun visant à accroître la connaissance et la gestion des risques de sécurité liés au climat.

En septembre, l'ONU invite les dirigeants mondiaux et de nombreux autres à un sommet sur le climat. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour accroître l’ambition, la connaissance et les investissements en faveur d'un développement durable et pacifique.